Par Shana Schutte

Comment être honnête dans les épreuves peut nous rapprocher de Dieu.

J’ai un jour écrit l’histoire de trois vaches brunes qui voulaient à tout prix changer de couleur. Lassées de leur teinte brunâtre, elles décidèrent que du violet ferait forte impression sur leurs voisins et les rendrait célèbres. Après avoir longuement échafaudé leur plan, la meneuse du troupeau poussa un gros bidon de peinture violette hors du garage de la ferme voisine, jusque sur la route, où la peinture fut renversée, afin que chaque vache se roule dedans.

Leur plan fonctionna à merveille.

Peu de temps après, un fermier passa par là. Il n’en croyait pas ses yeux ! Il n’avait jamais vu des vaches violettes ! Il n’avait même jamais rêvé d’en voir une. Mais une chose était certaine : il fut enchanté par leur beauté pastel et décida de les ramener chez lui. Elles étaient si fières, et lui était impressionné — exactement comme elles l’avaient espéré.

Puis, il se mit à pleuvoir.

La pluie essuya toute la peinture et avec elle, les poses et attitudes maniérées des vaches. Ce qu’elles prétendaient être avait disparu, ne laissant en souvenir qu’une grande flaque violette.

La pluie de l’adversité, comme l’averse de cette histoire, a le don de nous dépouiller de nos faux-semblants et de révéler ce que nous sommes réellement. Cependant, l’adversité a aussi le potentiel de nous rapprocher de Dieu si nous voulons bien nous montrer honnêtes avec lui dans nos épreuves. Vous vous demandez peut-être, comment puis-je me montrer plus vrai avec Dieu dans ces moments-là ? Je suis bien contente que vous posiez la question. J’ai appris avec Christ qu’une telle transparence nécessite trois éléments.

  1. Je dois me rappeler que ce n’est pas inacceptable de me sentir désespérée parfois et que cela peut même se révéler être une bénédiction

Cet après-midi-là, je me sentais comme ces vaches. Je voulais paraître forte et impressionnante, mais en réalité je me sentais nulle. J’aspirai à être une meilleure personne pour Dieu, mais je savais très bien que toutes mes belles actions étaient comme un vêtement taché (Ésaïe 64.5). Après plusieurs mois à trainer mon sentiment de ne pas être à la hauteur, le Saint-Esprit m’a murmuré : « Shana, ne vois-tu pas que ton désespoir est un don ? » Dieu m’a soudain montré combien mon sentiment de désespoir était en effet une bonne chose puisqu’il me poussait à me mettre à genou dans la prière et me rapprochait de Christ. C’est pourquoi Matthieu a écrit, « Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle » (Matthieu 5.3)

Nous ne pouvons voir le fait de se sentir désespéré comme une bénédiction que lorsque nous reconnaissons que cela peut nous apporter une plus grande mesure de Christ, et que nous pouvons recevoir son amour débordant alors que nos têtes sont courbées et que nos larmes coulent.

L’orgueil, qui est l’inverse d’un humble désespoir, tient Dieu à distance. Il me pousse à penser que je suis au contrôle, et, selon les critères du monde, il se peut que j’en donne effectivement l’impression. Mais dans la logique de Dieu, ce qui a l’air bon est en fait mauvais. C’est pour ça que Jésus explique que ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle (ce qui est effectivement désespérant) sont les véritables vainqueurs.

Dans son livre The Ragamuffin Gospel, Brennan Manning écrit :

« … nous ne saisissons pas la profondeur de notre néant devant Dieu. Et par conséquent, nous n’entrons jamais dans les profondeurs de la réalité de notre relation avec lui. Mais lorsque nous acceptons notre impuissance, notre inaptitude complète, lorsque nous reconnaissons que nous sommes des indigents à la porte de la grâce de Dieu, alors Dieu peut faire de nous quelque chose de beau. »

Alors, si vous vous sentez désespéré, désespérément nul ou pas à la hauteur, réjouissez-vous ! Votre soif est un don ; votre insuffisance un trésor, et votre besoin une bénédiction qui peut vous amener plus loin dans votre relation avec Dieu.

  1. Je dois me rappeler que face aux épreuves, être en colère est acceptable

À mon ancien travail, j’avais accroché à l’extérieur de mon bureau une affiche du personnage Lucy, de la BD Peanuts, qui hurlait : « Attention tout le monde ! Je vais être grognon pour le reste de la journée ! » Cette réplique est devenue une blague entre mes collègues et moi parce qu’en fait, je suis tout l’inverse de Lucy.

Au cours de mon enfance, j’ai appris que la colère n’était pas une bonne chose, probablement parce que je l’ai souvent vue être mal utilisée. Puis, je suis venue à Christ et ce faux message a été renforcé par l’église. Après tout, les bons chrétiens ne se mettent jamais en colère, n’est-ce pas ? Faux. Non seulement cela n’est pas vrai, mais au contraire, Dieu s’attend à ce que nous expérimentions la colère. Jésus n’a jamais dit « Ne vous mettez pas en colère », mais il a dit « Vous serez en colère, mais ne péchez pas » (Éphésiens 4.26). Dans la Parole, il reconnaît que les gens vont vivre des moments de colère. Pourquoi ? Parce que la colère est une réponse normale à une douleur émotionnelle. Et il n’y a aucun doute sur le fait que nous allons rencontrer des moments de douleur émotionnelle sur cette planète où le péché abonde. Vous allez vous mettre en colère, c’est sûr !

La colère est comme un voyant rouge sur le tableau de bord de votre voiture qui vous signale que quelque chose cloche sous le capot, qu’il y a une souffrance qui doit être remise à Dieu, ou peut-être un pardon à donner à quelqu’un. Comme le désespoir, la colère a le pouvoir de nous mener vers une plus grande intimité avec Christ, quand on décide de lui apporter ce qui nous fait souffrir pour recevoir sa guérison.

Comment ? Criez, hurlez quand vous êtes seuls. Ou alors, courez dehors et criez à pleins poumons à l’univers. Vous pouvez aussi faire ce que l’auteure Muriel Cook appelle « écrire un journal à chaud. » Écrivez vos véritables émotions, sans les adoucir. Soyez honnête. Dites la vérité à Dieu. Ensuite, demandez-lui de vous montrer quelle est la source de votre colère pour qu’il puisse prendre soin de ce qui vous fait souffrir à travers la prière et sa Parole.

La semaine dernière, j’étais en colère après que quelqu’un que j’aime m’ait blessée. Plutôt que de le nier ou de pécher en passant ma colère sur quelqu’un d’autre, j’ai donné de grands coups de poing à mon lit. J’ai crié, j’ai hurlé. J’ai frappé aussi fort que j’ai pu. Résultat ? Je me sentais nettement mieux. J’ai pu pardonner à la personne qui m’avait blessée et remercier Dieu de son amour pour moi. Quelques minutes plus tard, je chantais des louanges, proclamant sa vérité et louant son nom. Ça paraît fou ? Pas vraiment. Même les psalmistes se permettaient d’exprimer toutes leurs émotions, positives ou négatives.

  1. Face à l’adversité, Dieu veut recouvrir les sentiments que je lui dépose de sa vérité pour me sortir des difficultés et guérir mon cœur

Un jour, alors que je lisais un psaume, j’ai eu l’idée de faire comme quand j’étais petite : colorier ma bible. J’ai choisi deux de mes couleurs préférées : le rose et le vert. Tous les endroits où le psalmiste exprimait ses sentiments, je les ai coloriés en rose, et ceux où il proclamait les vérités de Dieu, je les ai surlignés en vert. Il en est ressorti un schéma intéressant : rose, vert, rose, vert, rose, vert. Sentiments, vérité, sentiments, vérité, sentiments, vérité. Immédiatement, Dieu m’a montré que son plan pour nos vies impliquait un équilibre de nos émotions et de sa Vérité.

Pour ceux dont la vie n’est basée que sur leurs émotions, il n’y a pas de guérison du cœur, parce qu’on ne peut pas se fier aux émotions seules.

Pour celui qui au contraire ne reconnaît que la vérité divine, et nie toute émotion négative parce que « c’est comme ça qu’un chrétien doit faire », et qu’il « ne devrait pas ressentir cela », la guérison est impossible à vivre aussi, parce qu’il est dans le déni de ce qui se passe réellement dans son âme.

Dieu veut combiner ce que nous savons intellectuellement de sa Parole, avec ce que nous ressentons dans nos cœurs. Ce n’est que là qu’il pourra appliquer sa vérité à nos émotions, comme il l’a fait avec les psalmistes. C’est pour cela qu’il est essentiel de nous montrer honnêtes quand nous ressentons de la colère, de la déception, de la désillusion ou de la peur face à l’adversité. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il peut nous prendre dans ses bras, nous souffler sa vérité, guérir nos cœurs et nous donner le courage d’avancer à travers nos épreuves.

Je comprends que vous montrer sincère devant Dieu peut paraître terrifiant si vous n’êtes pas certain qu’il vous aime. Je vous encourage à choisir de croire que Christ ne changera pas d’avis, car il vous a aimé assez pour mourir pour vous. Vous pouvez lui amener vos craintes, vos larmes, vos préoccupations et vos colères.

Si vous traversez des épreuves en ce moment, prenez le temps « d’écrire à chaud », courez dehors pour hurler, déversez à Dieu tout ce que vous avez sur le cœur et puis isolez-vous avec lui et laissez-le vous apaiser par son amour. Je vous promets que vous le trouverez au cœur de la pluie de l’adversité, d’une manière qui dépasse votre imagination.

Shana Schutte est écrivaine-pigiste, auteure et oratrice. Elle vit à Colorado Springs dans le Colorado. 

Cet article a été publié sur le site FocusontheFamily.com sous le titre « Honest to God ». Tous droits réservés © 2006 par Focus on the Family. Utilisation autorisée.