Aider nos enfants à dépasser la peur

Par Denise Budd Rumble

« Beurk! J’aime pas ça ! »

« Comment peux-tu savoir que tu n’aimes pas ça ? Tu n’as même pas encore goûté ! »

Combien de fois, en tant que parents, avons-nous eu cette frustrante conversation à table avec un enfant têtu ?

Parce qu’il y a quelque chose de nouveau dans son assiette, l’enfant décide instantanément qu’il n’aime pas ça. Le problème, ce n’est pas les spaghettis ou l’œuf brouillé. Ce qui leur pose problème c’est l’inconnu, renforcé par la peur du changement. Au lieu de tenter leur chance, de prendre un risque en faisant une expérience nouvelle, la plupart des enfants veulent rester accrochés à ce qu’ils connaissent (c’est-à-dire souvent bien peu de choses).

Comment aider nos enfants à se développer, à grandir et à essayer de nouvelles choses, afin qu’ils puissent accueillir le changement comme étant une aventure excitante et non comme une épreuve ?

La danse du « je veux pas »

À trois ans, Lisa, notre aînée, dansait souvent autour de la maison. Je lui ai donc demandé si elle voulait qu’on l’inscrive à un cours de danse pour enfants. Elle était si contente ! Je lui ai expliqué qu’il y aurait un professeur et d’autres enfants et que je l’y conduirais toutes les semaines. Je lui ai dit qu’elle porterait un justaucorps et qu’il faudrait qu’elle suive les instructions du professeur. Je lui ai montré sur le calendrier quels jours et pendant combien de semaines elle irait. Je lui ai expliqué qu’elle irait jusqu’à la fin des classes. Elle était vraiment enthousiaste ! Jusqu’à ce qu’enfin, le grand jour arrive…

« J’y vais pas ! » Bras croisés, bien campée sur ses deux pieds, Lisa a levé vers moi des yeux pleins de défi, les sourcils froncés et la bouche serrée.

Pourtant, moins de dix minutes plus tôt, elle rongeait son frein ! Je lui ai rappelé qu’il s’agissait des leçons de danse dont on avait amplement parlé, qu’elle était contente d’y aller et qu’elle allait s’y plaire. Aucun résultat ! Je lui ai fait un câlin, nous avons prié Jésus et je lui ai assuré que sa maman resterait avec elle tout le temps. Rien à faire ! J’ai fini par lui dire fermement : « Rentre dans cette voiture, tout de suite ! » Ça n’a pas fonctionné non plus.

Sa moue empirait. Ma patience diminuait.

Néanmoins elle avait trois ans et j’étais sa mère, adulte et responsable. Alors j’ai fait comme la plupart des autres mères, je suppose : je l’ai portée jusqu’à la voiture et je l’ai attachée dans son siège pendant qu’elle hurlait : « J’veux pas y aller ! »

Nous avons roulé en silence jusqu’au studio de danse. Elle était visiblement en colère contre moi. Mais, une fois qu’elle a compris que je ne plaisantais pas et qu’elle n’avait pas le choix, elle m’a suivi sans protester jusqu’à la classe, s’agrippant fermement la main.

La fois suivante s’est révélée beaucoup plus facile et, deux cours plus tard, c’est elle qui me tirait par la main, en me demandant de me dépêcher !

Vivre et apprendre

Lisa était en réalité avide d’essayer tout un tas de choses nouvelles. La suivante a été la gymnastique. Ce qui n’empêche que nous avons dû passer par le même cirque que pour la danse, mais ses protestations ont été un peu moins vives. Elle avait déjà fait l’expérience de surmonter sa peur d’une activité nouvelle.

Au fur et à mesure, Lisa a pu essayer de nouvelles choses de son propre gré, et aussi aller dans de nouveaux endroits. Elle a appris que sa peur n’était pas fondée. Elle a appris à voir les choses sans à priori. Elle a appris à croire que ni son papa ni moi ne voulions lui causer du tort et que si nous lui proposions quelque chose, il y avait peu de chance que ce soit mauvais pour elle. Elle a appris que de nouvelles aventures et de nouveaux apprentissages peuvent être amusants, stimulants et enrichissants !

Quand j’avais quatre ans, il m’arrivait parfois de manger chez une amie. Ils mangeaient des épinards à chaque fois. Je n’aimais pas l’aspect de ce légume. Je n’aimais pas l’odeur. J’avais essayé et je n’aimais pas leur goût. Pourtant, son père me forçait à avaler ces feuilles une par une. Cela a-t-il marché ? Eh bien en fait, j’ai arrêté d’aller chez eux pour dîner et je n’aime toujours pas les épinards.

Chaque enfant est différent. En tant que parents, nous apprenons à connaître nos enfants et à discerner ce qui est meilleur pour eux. J’étais alors une jeune mère, j’aurais pu choisir l’attitude la moins conflictuelle et tout simplement rester à la maison. Mais, qu’est-ce que je lui aurai enseigné ? Lisa est adulte maintenant et participe à de nombreuses choses nouvelles, c’est une leader engagée et respectée dans son église et dans sa communauté. Tout est-il facile pour elle maintenant ? Non, mais elle a appris, avec l’expérience, qu’avec l’aide du Seigneur les nouvelles expériences sont une aventure.

Les enfants apprennent en nous regardant. Nous voient-ils essayer de nouvelles choses ? Comment réagissons-nous au changement ? Que ce soit pour participer à de nouvelles activités, essayer de nouveaux plats ou se faire de nouveaux amis, c’est notre travail de parents d’aider nos enfants à surpasser leur peur du changement et de l’inconnu.

Récemment, ma petite-fille de trois ans est venue me rendre visite. J’avais fait de la soupe pour déjeuner. Elle y a jeté un coup d’œil et elle m’a dit : « J’aime pas ça ! »

Certaines choses ne changent jamais !

Denise Budd Rumble aide ses petits-enfants à grandir au-delà de ce qu’ils n’aiment pas à St Marys, Ontario.

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