Les peurs d’une maman

Ecrit par Angie Smith

Quand l’inquiétude vous empêche de guider vos enfants avec confiance.

« Et toi, quand tu étais petite, tu es déjà allée dans un camp de vacances, loin de chez toi ? »

Deux paires d’yeux me scrutaient attentivement : mes filles attendaient avec impatience des mots réconfortants qui les aideraient à choisir de partir ou non au camp de vacances organisé par notre église.

Je suis d’abord restée silencieuse, réfléchissant à ce que je devais leur répondre.

La vérité, c’était que j’étais déjà allée à un camp de vacances, et que ça avait été une expérience terrifiante. À tel point que j’avais alors décidé de ne jamais repartir de chez moi pendant plus de sept heures d’affilée.

Je n’avais pas l’intention de mentir à mes filles, mais je tenais à bien choisir mes mots, afin que mes paroles leur donnent du courage plutôt que l’inverse.

J’ai fini par leur dire que j’avais été la seule campeuse à rester cloitrée dans la cabine avec un livre pendant que toutes les autres étaient allées faire du bricolage et du canoë. Je leur ai avoué que j’aurais souhaité avoir participé aussi à ces activités, car toutes les autres étaient rentrées chez elles la tête pleine d’aventures vécues, tandis que les miennes n’avaient été que lues. Cela a fait sourire mes filles.

En toute honnêteté, j’aurais préféré que mes filles n’aillent pas à ce camp de vacances. Mais ce sentiment était né sous l’influence de cette petite voix que j’ai dû apprendre à étouffer, celle qui ne cesse de me souffler à l’oreille des scénarios hypothétiques inquiétants, tous ces « et si…? »

Parfois, mes inquiétudes sont fondées, mais à d’autres moments, elles sont juste l’écho de mes propres peurs. Et si je ne fais pas attention, ces inquiétudes pourraient bien empêcher mes enfants de vivre la vie que Dieu a prévue pour elles.

Je dois donc régulièrement me poser la question : est-ce que je laisse mes propres peurs et regrets influencer mes paroles, ou est-ce que je guide avec sagesse les jeunes vies que Dieu m’a confiées ?

À l’âge de quatre ans, j’ai été hospitalisée pour troubles d’anxiété ; je sais bien combien la peur peut me priver de la beauté qui s’épanouit seulement à l’extérieur de ma zone de confort.

Une fois adulte, j’ai été amenée à vivre le pire des scénarios : j’ai enterré l’un de mes enfants.

Alors, où cela me mène-t-il ? Ou plutôt, où cela nous mène-t-il, en tant que mères ?

Si nous faisons preuve de sagesse, cela nous mènera à nous agenouiller en adoration devant le Père, qui ne nous abandonne ni ne nous délaisse jamais. Il honore ceux et celles qui lui font confiance et envahit notre nature peureuse de son amour bienveillant.

Mes filles avaient peur d’aller à ce camp de vacances et je leur ai dit que je comprenais tout à fait ce sentiment. Mais je leur ai aussi dit de se rappeler que Dieu était à leurs côtés.

Puis j’ai fait leurs valises, en prenant soin d’y glisser un petit message pour chacune d’elles leur disant à quel point j’étais fière de leur courage et de leur promesse de me raconter toutes leurs aventures à leur retour.

En tant que maman, il est important de nous rappeler que nous pouvons certes transmettre nos histoires à nos enfants, mais que nous ne serons jamais l’auteure des leurs.

 

Angie Smith est l’auteure du livre What Women Fear (Ce dont les femmes ont peur) et l’épouse de Todd Smith, chanteur du groupe chrétien Selah.

Cet article a été publié dans le numéro de mars-avril 2014 du magazine Thriving Family sous le titre « The Whisper of All the What-ifs. » Tous droits réservés © 2014 par Angie Smith. Utilisation autorisée.