Gérer les conflits de couple dus au confinement

Écrit par Greg Smalley

Le coronavirus a changé notre vie quotidienne. La pandémie est la cause de pertes d’emploi et d’isolement. Nous travaillons, faisons l’école et assistons à nos réunions d’église de la maison. Lorsqu’en de rares occasions, nous nous rendons dans un magasin, nous trouvons des tablettes vides. Les changements ont perturbé notre routine quotidienne et modifié la dynamique de nos mariages. Tous ces changements amènent des conflits. Comment peut-on les gérer quand tout autour de soi change ?

Le changement n’est jamais facile ; la familiarité est plus séduisante. Les choses habituelles telles que notre environnement, nos activités, notre nourriture, notre musique et nos vêtements nous apportent un sentiment de confort, de sécurité. Nos cerveaux sont préprogrammés pour nous attirer vers les choses que l’on connait déjà.

Quand la vie devient chaotique, nous nous tournons vers quelqu’un de familier qui peut nous aider à gérer les conflits. Cette personne est souvent notre conjoint(e). L’idée que nous savons tout de la personne qui partage notre vie et de comment elle réagit dans les temps difficiles est réconfortante. La prévisibilité est pourtant irréaliste. Le changement est inévitable et, parce que tant de choses changent, nos familles et nos mariages en souffrent. Il est donc important de comprendre d’où viennent les conflits durant cette crise sans précédent et d’apprendre comment à faire fonctionner notre maisonnée malgré tout.

Identifier les défis

Maintenant que la maison est devenue le lieu central pour le travail, l’école, l’église et la détente, vous et votre conjoint(e) êtes ensemble en tout temps. Passer du temps ensemble est bon pour votre mariage mais être ensemble 24 h/24, 7 j/7 cause des conflits. Pourquoi ?

Vous et votre conjoint(e) serez exaspérés en raison de tout ce temps que vous passez ensemble et de l’impression que vous manquez d’espace.  Cela se nomme la fièvre de la cabine et fait référence à l’irritabilité ou à l’agitation claustrophobe ressentie lorsque vous êtes coincés dans un endroit isolé ou confinés pendant une période prolongée. Mariés ou non, tous souffrent de la fièvre de la cabine.

Les interruptions constantes. Cela vous semble-t-il familier ? « Papa, je n’arrive pas à télécharger mon devoir. » « Greg, le broyeur à déchets ne fonctionne pas. » « Peux-tu m’aider à décharger la voiture ? » « La pédale du vélo stationnaire vient de se briser. Peux-tu la réparer ? » «  Qu’est-ce qu’on mange pour souper ? » « Il faut sortir le chien. » « J’ai besoin d’une horloge dans ma chambre. » Je n’ai rien inventé. Depuis que j’ai commencé à écrire cet article, j’ai entendu toutes ces interruptions mot pour mot. Comme je ne suis pas du genre à pouvoir jongler plusieurs choses à la fois, ces interruptions constantes me stressent et m’empêchent de travailler. J’ai l’impression de négliger mon travail et deviens irritable et impatient avec ma famille. Il est difficile de gérer des conflits dans ces conditions.

Nos différences. La plupart du temps, les couples ne sont pas ensemble toute la journée. Le vieil adage est vrai : « L’éloignement renforce l’affection. » C’est bon pour les couples d’être séparés pour un temps, même si ce n’est que pour les 8 heures de travail. En temps normal, lorsque nous avons ce temps chacun de notre côté, nous n’avons pas à travailler constamment à gérer nos différences. Le fait d’être confinés ensemble amplifie nos différences et provoque des conflits. Les différences sont un don de Dieu et je suis reconnaissant pour la façon qu’Erin et moi sommes différents. Par contre, en ce temps de pandémie, gérer ces différences et les conflits qui en découlent représente un défi. Par exemple, je suis un introverti. Erin est une extravertie. Je refais le plein d’énergie dans la solitude. Pour Erin, c’est plutôt en étant au contact des autres et en parlant. Durant ces heures prolongées à la maison, j’ai appris qu’il y a des moments où je ne veux pas parler et être en contact avec les autres. Je veux être seul. Alors, Erin peut facilement mal interpréter mes actions et se sentir rejetée et déconnectée. Si nous ne reconnaissons pas nos différences et ne les traitons pas de manière saine, les conflits s’en suivent.

Des enfants qui se chamaillent et qui s’ennuient. Après plusieurs semaines de distanciation sociale et de confinement à la maison, j’ai entendu mes enfants se plaindre « Je m’ennuie tellement » au moins un million de fois. La gestion des conflits de mes enfants me donne souvent l’impression d’être un arbitre. Il m’est difficile de rester patient lorsque les enfants s’ennuient et se disputent. Toute cette frustration peut se refléter sur ma relation avec ma femme et me rendre impatient envers elle.

Envahisseurs d’espace. La plupart du temps, l’un des conjoints gère la maison et les enfants plus que l’autre et ce, même lorsque les deux travaillent à l’extérieur. Maintenant que vous êtes toujours ensemble, il peut arriver que l’autre fasse les choses différemment. Cette invasion non intentionnelle provoque des disputes et des frustrations pour le conjoint qui prend normalement ces décisions. En conséquence, l’autre conjoint se sent marginalisé, exclu ou contrôlé.

Les sources de chagrin. Certaines pertes sont tangibles : la mort d’un être cher, une fausse couche, une perte d’emploi, un divorce ou la perte d’un objet précieux. Mais la perte peut aussi être intangible : la perte de l’innocence, de l’identité, du contrôle ou de l’indépendance. Chaque fois que nous subissons une perte, nous subissons un « coup dur » et sommes déséquilibrés. Plus la perte est importante, plus le chagrin est intense.

Peur, panique, stress et anxiété. Certains conjoints peuvent ressentir de la peur ou de l’anxiété à l’idée de perdre leur emploi ou leur revenu. D’autres peuvent se sentir stressés par les problèmes de santé ou la distanciation physique. Ces peurs et ces inquiétudes peuvent créer un sentiment d’être continuellement en état d’alerte et produire du chagrin, de l’impuissance ou la crainte de perdre le contrôle.

Attentes. Les deux conjoints ont des attentes sur la façon dont cette saison devrait se vivre. Lorsque les attentes ne sont pas satisfaites, cela conduit à des confrontations ou à du ressentiment.

Épuisement. Les couples sont épuisés par la gestion des enfants 24 h/24, 7 j/7, par l’enseignement à domicile et les heures de travail prolongées.

Impossibilité de faire les choses qui font du bien au moral et renouvèlent l’énergie vitale. Les couples n’ont plus la possibilité d’aller dans un centre de remise en forme, de prendre un café entre amis, de sortir ensemble ou de participer à leurs loisirs préférés.

Déconnexion relationnelle. Les conjoints ne peuvent pas gérer les conflits lorsqu’ils ne sont pas connectés. Que ce soit en raison des enfants qui dorment dans le lit de leurs parents ou des heures de travail irrégulières à la maison, mari et femme ont du mal à se retrouver comme couple. Plus ils se sentent déconnectés, plus ils sont susceptibles d’avoir des conflits.

Les conflits font que les gens se sentent en danger. Quand on ne se sent pas en sécurité, notre cœur se ferme. Un cœur fermé nous amène à réagir en disant ou en faisant des choses qui compromettent notre intégrité et blessent notre conjoint(e) et notre mariage en créant une distance émotionnelle. Il est donc extrêmement important de créer un chez-soi qui demeure l’endroit le plus sûr au monde et ce, malgré les changements causés par le coronavirus. Un cœur s’ouvrira s’il se sent en sécurité.

Maintenant, voyons comment créer la sécurité dont les cœurs ont besoin pour rester ouverts l’un à l’autre, chose nécessaire pour passer au travers du coronavirus.

Créer un espace sécurisant pour gérer les conflits

Dans Joël 2.12-13 (Bible du Semeur), nous lisons : « Mais maintenant encore, l’Éternel le déclare, revenez donc à moi, revenez de tout votre cœur, avec le jeûne, avec des larmes et des lamentations. Déchirez votre cœur, et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu. Car il est plein de grâce, il est compatissant et lent à la colère, il est riche en amour et il renonce volontiers au malheur dont il avait menacé. »

J’aime ces qualificatifs de Dieu : plein de grâce, compatissant, lent à la colère, riche en amour. Ce ne sont pas que des comportements mais bien des traits de caractère qui définissent qui est Dieu et sa façon de vivre, en quelque sorte. Ces qualités feront de votre mariage le lieu le plus sécurisant au monde et vous aideront à mieux gérer les conflits. Voyons comment nous pouvons imiter le caractère de Dieu et créer un lieu sûr pour le cœur de notre conjoint.

Plein de grâce « Revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu car il est plein de grâce. » La grâce transforme nos relations. Il ne s’agit pas d’ignorer ou de minimiser les problèmes graves mais plutôt de décider comment nous allons nous comporter dans notre mariage. La grâce, c’est de la gentillesse imméritée et des bénédictions en abondance.

Comment imiter la grâce de Dieu pour nous et appliquer ce don incroyable dans notre mariage ? La grâce signifie donner à notre conjoint(e) la permission d’être humain et de faire des erreurs. Lorsque je pratique la grâce, je regarde au-delà des comportements frustrants d’Erin et je vois ce qui est vrai à son sujet – qui elle est au plus profond d’elle-même – et non pas à quel point elle m’irrite en ce moment. La grâce, c’est mettre en pratique 1 Samuel 16.7 : « En effet, l’Éternel n’a pas le même regard que l’homme : l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur. » La grâce croit le meilleur à propos de votre conjoint. Elle fait la guerre au gâchis du moment et se rappelle que votre conjoint(e) est le fils ou la fille du roi Très-Haut. Il/elle est fait€ à l’image de Dieu et a une très grande valeur, ce qui est toujours vrai !

Lent à la colère. « Revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu car il est […] lent à la colère. » La phrase « lent à la colère » se retrouve 14 fois dans les Écritures. Être lent à la colère signifie être patient, même avec les personnes difficiles. Après 27 ans de mariage, je comprends l’importance de la patience. C’est facile d’être blessé(e), agacé(e) ou frustré(e) avec votre conjoint(e), particulièrement maintenant que vous êtes confinés dans votre maison. La patience accepte et tolère les irritations, les délais, les problèmes et la souffrance sans devenir irritable ou anxieuse. Pensez aux nombreuses frustrations auxquelles vous avez dû faire face dans cette saison particulière. La patience donne à votre conjoint(e) la liberté d’être humain. Chacun doit décider de choisir ses batailles ou de laisser tomber. Il faut se demander si le comportement de notre conjoint est un problème majeur ou anodin. Attardons-nous aux problèmes majeurs qui risquent de dégénérer en rancœur et ignorons les problèmes anodins qui n’auront pas de conséquences sur le long terme.

Compatissant. « Revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu car il est […] compatissant. » Dans Ecclésiaste 10.12, le roi Salomon écrit : « Les paroles du sage sont pleines de grâce ». Le mot « grâce » ici peut aussi signifier « plein de compassion ». Ce verset pourrait donc se lire : « Les paroles du sage sont pleines de compassion. » Qu’est-ce que la compassion ? C’est une « émotion humaine profonde provoquée par la douleur des autres » 1 et un désir « de soulager la souffrance d’autrui. » 2

Souvenez-vous que votre conjoint(e) et vous-même subissez de nombreuses pertes depuis le début du coronavirus. Ces pertes occasionnent du chagrin. Alors, consolez-vous mutuellement en faisant preuve de beaucoup de compassion, vous souciant des sentiments de l’autre. La compassion communique à l’autre que l’état de son cœur vous préoccupe. Ce qui se passe dans son cœur – la déception, la perte, la peur, la douleur ou la frustration – est important pour vous. Quand Erin souffre, elle n’a pas envie que je l’ignore et que je fasse comme si de rien n’était. Elle ne veut pas m’entendre dire : « Calme-toi ! » Elle ne veut pas que je compare sa situation à quelqu’un qui vit quelque chose de pire. Erin veut que je souffre avec elle, que j’expérimente ses émotions, que je ressente sa douleur, que je me mette à sa place et je voie les choses telles qu’elle les voit. Walt Whitman a écrit : « Je ne demande pas à la personne blessée comment elle se sent, je deviens moi-même la personne blessée. » 3 Un cœur s’ouvre lorsqu’il se sent en sécurité. La compassion crée ce sentiment de sécurité.

Lorsque vous ouvrez votre cœur aux sentiments de l’autre, vous recevez une réponse plus aimable en retour. J’aime cette version paraphrasée du Proverbe 25.15 : « La patience persistante vient à bout de l’indifférence et des paroles douces brisent les défenses rigides. » Les soins attentionnés et la compassion démolissent l’opposition et créent deux cœurs ouverts.

Riche en amour. « Revenez à l’Éternel, lui qui est votre Dieu car il est […] riche en amour. » D’autres traductions mentionnent « rempli d’un amour infaillible » ou « riche en dévotion aimante ». Le cœur de Dieu déborde d’un amour incommensurable. Il sera toujours là pour vous. Il dit clairement dans Jérémie 31.3 : « Je t’aime d’un amour éternel. » Dans ces temps incertains, rappelez à votre conjoint(e) que vous êtes engagé(e) envers lui/elle pour la vie. Une excellente façon de concrétiser votre engagement est de redécouvrir ce dont votre conjoint(e) a besoin pour se sentir aimé(e). Chaque fois qu’il/elle vit un changement, ce qui l’aide à se sentir aimé(e) change également. Alors, prenez le temps d’écouter les besoins de votre conjoint(e) et soyez ouvert(e) au sujet de vos propres nécessités. Désamorcez les conflits en apprenant ce dont votre conjoint a besoin.

1 Parvesh Singla, The Manual of Life: Understanding Character [Le manuel de la vie : comprendre les caractères], Parvesh Singla

2 Sherlyn Jimenez, « Compassion », The Encyclopedia of Positive Psychology [L’encyclopédie de la psychologie positive], Shane J. Lopez, éditeur, Wiley-Blackwell, 2009

3 Walt Whitman, Song of Myself  [Chanson de moi], Leaves of Grass [Brins d’herbe], Norton, 1973

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