Affronter les temps chaotiques avec trois guides bibliques improbables

Écrit par Subby Szterszky

« Dieu chuchote dans nos réjouissances, il parle à notre conscience, mais il crie dans notre souffrance », a écrit C.S. Lewis. « La souffrance est son porte-voix pour réveiller un monde sourd. »

Ce principe est vrai autant au niveau social que personnel. Lorsque des temps chaotiques et incertains viennent bouleverser nos vies habituellement stables, nous réagissons en recherchant Dieu avec un sentiment d’urgence renouvelé. Nous réalisons alors combien la vie est fragile dans ce monde et à quel point nous sommes dépendants de Dieu pour chaque instant que nous avons.

Pour tous ceux qui suivent Jésus, la pandémie de la Covid-19 nous amène à nous appuyer sur les promesses de sa Parole avec une conviction que nous avons probablement rarement connue auparavant. Nous nous rappelons que le Seigneur est notre berger. Il ne nous délaissera point, et ne nous abandonnera point. Nous nous souvenons que toutes choses (même la présente crise) concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.

Lorsque nous lisons ces promesses familières et bien d’autres semblables, notre cœur est élevé et notre foi est fortifiée. Puisque toutes les Écritures sont inspirées de Dieu, même les individus les moins connus, dont il est question dans les pages souvent moins lues de la Bible, peuvent être d’excellents guides pour faire face aux temps chaotiques et incertains. En voici trois :

Josaphat : Nous ne savons que faire

Quand on pense aux anciens rois de Juda (en supposant que quelqu’un soit enclin à y penser), Josaphat n’est pas le premier nom qui nous vient en tête. C’est vrai que nous pouvons compter sur les doigts d’une main le peu de bons rois qui se sont assis sur le trône de David. Josaphat était l’un d’entre eux. Mais si nous nous souvenons de lui, c’est pour son impulsivité et sa naïveté qui l’ont mené à de folles alliances dont seule la grâce de Dieu pouvait le dégager, et ce, non sans conséquences.

Malgré tout, son cœur était généralement à la bonne place envers Dieu, particulièrement lorsque plusieurs nations ennemies se sont liguées et ont menacé de détruire Juda. Josaphat convoqua une assemblée pour tout le peuple incluant les hommes, les femmes, les enfants et les tout-petits. Avant ce rassemblement, le roi plaida auprès de Dieu pour leur délivrance dans ce qui est l’une des plus longues prières de l’Ancien Testament. Elle contenait de nombreux rappels de la souveraineté et de la fidélité de Dieu. Josaphat termina sa prière de façon abrupte en avouant ouvertement son impuissance et sa totale confiance en Dieu : « Nous ne savons que faire, mais nos yeux sont sur toi. » (2 Chroniques 20.12)

Que la menace vienne d’une armée qui nous envahit ou d’une pandémie mondiale, c’est une des prières parmi les plus sages et honnêtes que le peuple de Dieu puisse s’approprier. Dans l’une ou l’autre de ces situations, nous n’avons aucun contrôle. Nous ne savons pas de quoi le futur sera fait. Mais nos yeux, par la foi, restent fixés sur Celui qui sait.

Esther : Pour un temps comme celui-ci

Pour plusieurs lecteurs tant chrétiens que juifs, le livre d’Esther est un livre à part parmi les Écritures saintes. Il est parfois considéré comme étant bien étrange. Certains se sont même questionnés à savoir s’il a sa place dans la Bible car il ne fait pas mention de Dieu et ne contient aucune référence religieuse ou commentaire théologique concernant les événements qui y sont rapportés. Les héros de l’histoire, Esther et Mardochée, semblent être des juifs sécularisés qui ont adhéré en grande partie à la culture persane dans laquelle ils vivent.

Là où ce livre se rapproche le plus d’un récit inspiré du divin est dans le sous-entendu que l’on devine dans la réprimande de Mardochée à Esther : « Et qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ? » (Esther 4.14)

Néanmoins, il n’est pas difficile de voir la main souveraine de Dieu dans le récit des renversements dramatiques et des apparentes coïncidences. De plus, la structure littéraire du livre, construit autour d’un arrangement symétrique de scènes parallèles et contrastées, fait allusion à la providence de Dieu derrière le déroulement apparemment aléatoire des événements. En écrivant pour le BibleProject[1], Whitney Woollard réfléchit avec rhétorique : « Serait-il possible que le fait d’omettre de mentionner Dieu est directement lié au concept littéraire brillant de ce livre ? Peut-être la pseudo-absence de Dieu est-elle en fait la manière très sophistiquée de parler de la providence de Dieu. Le fait est que Dieu est toujours à l’œuvre, même lorsque nous ne pouvons pas le voir de manière explicite. »

Cette réalité aura fait écho pour les premiers lecteurs du livre d’Esther, qui étaient dispersés à travers l’empire perse. Dieu l’a préservée aussi pour nous encourager nous – pour un temps tel que celui-ci.

Woollard conclut : « Esther nous incite à regarder à notre propre vie et à considérer comment Dieu travaille activement en coulisses pour accomplir ses bons et parfaits desseins, et ce, même lorsque nous faisons face à de grandes menaces ou tragédies. Nous sommes appelés à faire confiance à la providence de Dieu même lorsque nous n’en voyons pas l’évidence et que nous ne comprenons pas ce qui se passe. Le message nous appelle à des niveaux de foi plus profonds où nous choisissons de croire que peu importe à quel point les choses deviennent affreuses, Dieu s’engage à racheter le monde qu’il a fait et qu’il considère bon, et à vaincre le mal. »

Habakuk : Malgré tout, je me réjouirai dans le Seigneur

Même pour un prophète de l’Ancien Testament, Habakuk est un peu particulier. La plupart de ses collègues prophètes ont soit écrit des messages de jugement ou d’exhortation pour le peuple d’Israël et les nations environnantes, soit ils ont accompli des miracles ou bien se sont livrés à des actes symboliques étranges pour illustrer certains aspects des desseins et de la puissance de Dieu. Mais Habakuk n’a fait aucune de ces choses. Son livre est court et composé d’une série de dialogues personnels (certains diront plutôt d’arguments) avec Dieu. Viennent ensuite les paroles d’un chant, pour finir par des instructions pour l’interprétation musicale.

À un certain moment, il introduit l’expression, « le juste vivra par la foi », qui a été reprise trois fois par les auteurs du Nouveau Testament comme une vérité fondamentale de l’Évangile. (Habakuk 2.4 comparé à Romains 1.17, Galates 3.11 et Hébreux 10.38)

Cependant, c’est la dernière strophe de son chant qui nous intéresse ici. Après s’être entretenu avec Dieu sur ses actes de jugements justes des péchés de son propre peuple et des péchés encore pires de leurs ennemis, Habakuk a fait un résumé de ses pensées en ces termes :

« En effet, le figuier ne fleurira pas, la vigne ne produira rien, le fruit de l’olivier manquera, les champs ne donneront pas de nourriture ; les brebis disparaîtront du pâturage, et il n’y aura plus de bœufs dans les étables. Mais moi, je veux me réjouir en l’Éternel, je veux être dans l’allégresse à cause du Dieu de mon salut. L’Éternel, le Seigneur, est ma force : il rend mes pieds semblables à ceux des biches et il me fait marcher sur mes hauteurs. » (Habakuk 3.17-19)

Tous les moments instables et chaotiques ne sont pas le résultat direct du péché. (En fait, selon les Écritures et Jésus lui-même, la plupart ne le sont pas.) L’approche d’Habakuk est universelle et s’applique à chaque difficulté, y compris les nôtres. Concernant la pandémie de la Covid-19, nous pouvons paraphraser ainsi le prophète :

« Bien que les boutiques soient fermées et que les tablettes des supermarchés soient vides, bien que nos rues et nos parcs soient étrangement silencieux, bien que toutes activités sociales et culturelles qui nous apportent plaisir et joie soient suspendues pour une période indéterminée, que nos épargnes fondent comme la neige au soleil et que nos perspectives économiques soient réduites à néant, nous nous réjouirons dans le Seigneur malgré tout. Nous trouverons notre joie dans le Dieu de notre salut. L’Éternel notre Dieu est notre force. »

Mais nous, nous voulons nous réjouir en l’Éternel. Que cela soit notre méditation principale dans les jours, les semaines et les mois à venir. Que cela fortifie notre foi, réconforte nos cœurs et plaise à notre bon, sage et souverain Dieu.

Sources et suggestions de lecture

C.S. Lewis, Le problème de la souffrance.

David Mathis, “Will we keep singing? Trusting God in troubling times,” [Continuerons-nous à chanter ? Faire confiance à Dieu dans les temps difficiles], Desiring God, publié le 15 mars 2020.

Jason Seville, “King Jehoshaphat and the coronavirus,” [Le roi Josaphat et le Coronavirus], The Gospel Coalition, le 6 février 2020.

Whitney Woollard, “Esther: secular or sacred?” [Le livre d’Esther : séculier ou sacré ?], Blogue de l’auteure, le 19 décembre 2019.

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[1] Disponible en français sur www.BibleProject.com/Francais.