Élever des enfants qui râlent moins et se montrent plus reconnaissants

Par Tricia Goyer

Cela nous a paru être une bonne idée lorsque mon mari et moi avons décidé de lancer ce défi à notre famille : passer un an sans râler. La raison pour laquelle nous avions fait ce choix est simple : l’insatisfaction incessante abîme nos relations et nos cœurs et est un rejet de la bonté de Dieu.

La difficulté résidait dans le fait que nos enfants arrivaient très bien à voir le problème chez les autres, mais avaient plus de mal à percevoir leurs propres difficultés dans ce domaine, en particulier lorsque cette attitude se manifestait autrement que par des mots.

« Râler, ce n’est pas que se plaindre et murmurer, » ai-je expliqué au début de notre défi. « Ça peut aussi être lever les yeux au ciel ou pousser de gros soupirs. »

Maddie, ma fille alors ado s’est mise à rire. « Moi, je fais ça. »

Je lui ai fait un clin en répondant : « Oui, et tu n’es pas la seule. »

J’ai suggéré une approche différente au problème : « Quelles sont les attitudes que nous avons tendance à adopter quand nous sommes mécontents ? » ai-je demandé.

J’ai noté tout ce que mes enfants listaient : pleurnicher, lever les yeux au ciel, murmurer, se plaindre, critiquer, … En regardant cette liste, nous avons réalisé que chacun de nous avait une manière différente de manifester son insatisfaction.

Pourquoi râle-t-on ?

Après avoir découvert notre manière personnelle de nous plaindre, la première étape pour aider mes enfants sur ce chemin a été de les aider à comprendre d’où vient l’insatisfaction.

  • Des attentes déçues

Nous nous sentons souvent insatisfaits lorsque nous souhaitions voir les choses se passer d’une certaine manière mais que cela ne se produit pas. Les enfants peuvent par exemple râler lorsqu’ils s’attendaient à pouvoir continuer leur jeu vidéo et qu’au lieu de ça, on leur rappelle qu’ils doivent faire leurs corvées. Ils peuvent se plaindre lorsqu’ils doivent passer leur soirée à résoudre un problème de math difficile ou lorsqu’ils ne sont pas invités à un événement social.

Nous espérons quelque chose et nous obtenons le contraire. Nous ressentons alors le besoin de manifester notre mécontentement. Ces plaintes mineures peuvent malheureusement s’accumuler pour devenir un ressentiment profond qui abîme nos relations.

La prochaine fois que vous entendez votre enfant râler, demandez-lui quelles étaient ses attentes et si celles-ci étaient réalistes. La plupart du temps, elles ne l’étaient pas. Je cherche également à faire attention à mes propres réactions face à mes attentes déçues afin de mieux enseigner à mes enfants à en faire de même.

  • Une mentalité de victime

Lorsque nous avons besoin d’aide ou que nous avons l’impression que tout est contre nous, il nous arrive de râler ou de pleurnicher pour amener les autres à faire ce que nous voulons. Quand nous jouons les victimes, cela pousse souvent les autres à agir en notre faveur, ce qui n’est pas un très bon schéma relationnel.

Plutôt que d’agir en victime et de se plaindre que la vie est trop dure, les enfants peuvent apprendre à demander clairement et poliment de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. En exprimant leurs besoins, ils n’ont plus à passer par les plaintes. Lorsque j’entends un de mes enfants râler, je lui demande : « Es-tu en train d’essayer de me demander de l’aide ? » Cela leur montre que je perçois leurs besoins, mais j’attends d’eux qu’ils demandent de l’aide autrement qu’en râlant.

  • Un cœur insatisfait

Nous rencontrons de nombreux motifs de mécontentement au travail, à la maison et dans notre vie en général. À travers les réseaux sociaux, nous pouvons désormais en faire part à tous ceux qui veulent bien nous écouter. Pire encore, ceux qui nous suivent considèrent souvent nos plaintes comme louables et nous encouragent.

En réalité, lorsque nous râlons, nous disons à Dieu : « Tu n’en fais pas assez. » Peut-être cherchons-nous à attirer l’attention ou la sympathie, mais nos paroles sont toujours le reflet de nos cœurs et de notre confiance en Dieu. Cela nous amène à la deuxième étape pour accompagner mes enfants : les aider à comprendre combien Dieu prend leurs paroles, et donc leurs plaintes, au sérieux.

Râler déshonore Dieu

Parfois, nous râlons tout en pensant que ce n’est pas bien grave. Pourtant, la Bible se réfère à cette attitude comme étant un manque de foi. Le Nouveau, tout comme l’Ancien Testament, réprimandent le fait de « murmurer ». Dans Nombres 14.26-30, Dieu exprime combien cette attitude est grave à ses yeux. À cause des murmures des Israélites conduits par Moïse, Dieu leur a refusé l’entrée dans la terre promise. Dieu a parlé d’eux comme étant une « méchante assemblée », car il voyait l’état de leur cœur.

Nous devons prier chaque jour afin que Dieu nous change intérieurement. Dieu veut que nous soyons remplis de reconnaissance pour ce qu’il a fait et pour la manière dont il prend soin de nous, plutôt que de nous plaindre lorsque les choses ne se passent pas comme nous le voudrions. C’est une attitude qui s’apprend, personne n’est naturellement entièrement reconnaissant.

Se plaindre ou remercier

Comment aider nos enfants à moins râler ? En leur enseignant à être reconnaissants.

  • Une boîte à mercis

La première idée qui m’est venue a été de fabriquer une boîte à mercis. Chaque fois qu’un enfant râlait, il devait écrire une raison pour laquelle il était reconnaissant et mettre le papier dans la boîte. J’en ai conclu que, quand mes enfants sont d’humeur boudeuse, les forcer à être reconnaissants n’est pas des plus efficace.

Je m’en suis rendue compte le jour où ma fille était énervée de devoir ranger sa chambre. Elle a râlé tellement de fois qu’elle a dû mettre neuf morceaux de papier dans la boîte, et elle râlait encore en écrivant ces neuf choses pour lesquelles elle était « reconnaissante ».

J’ai alors compris qu’il était impossible d’obliger quelqu’un à être reconnaissant. Bien sûr, elle avait écrit les papiers, mais son obéissance n’était qu’extérieure. Je ne peux pas dire qu’elle avait un cœur reconnaissant.

Voilà une meilleure manière d’utiliser une boîte à mercis : encouragez vos enfants à écrire des petits mots de gratitude au moment où ils se sentent reconnaissants et rajoutez-les à la boîte. Ces petits mots deviennent des rappels des bénédictions de Dieu à relire dans les moments difficiles. Nous avons découvert que ce système fonctionnait bien mieux. La reconnaissance est une preuve que Dieu travaille en nous. Prendre le temps de noter nos remerciements rappelle à nos enfants que lorsque nous sommes reconnaissants, nous avons quelqu’un à remercier : Dieu.

  • Mettez la gratitude en avant

Cela prend du temps pour former une bouche prompte aux paroles positives plutôt qu’aux plaintes. Le meilleur moyen de renforcer l’esprit de gratitude est de le souligner lorsqu’il se manifeste. Lorsque l’un de vos enfants fait preuve de reconnaissance, relevez son attitude positive avec emphase. Plus vous agirez ainsi, plus vos enfants apprendront à se montrer reconnaissants.

Pensez aussi à remercier vos enfants pour ce qu’ils font et à remercier Dieu (encore et encore) pour ce qu’ils sont en train de devenir. Faites-le devant eux afin que vos enfants l’entendent. Utilisez vous-même des paroles douces et reconnaissantes. Puisque la gratitude doit venir du cœur, parlons au cœur de nos enfants.

  • Soyez des modèles de reconnaissance

Même si j’avais du mal à le croire, lorsqu’il s’agit d’enseigner à mes enfants à ne pas râler et à se montrer reconnaissants, ma capacité à mettre en pratique ce que je prêche reste le facteur le plus important. Lorsque je me montre reconnaissante, j’enseigne à mes enfants à faire de même.

Lorsque je me rends compte que je suis d’humeur râleuse, j’apprends à renoncer à mes attentes d’une vie facile et confortable où tout le monde agit comme je le voudrais. Au lieu de cela, j’apprends à croire que les choses se passent exactement selon le plan de Dieu pour moi et à le remercier dans l’instant.

Tout comme nous pouvons nous plaindre par nos paroles ou à travers notre regard, nous pouvons être reconnaissants en murmurant un remerciement ou par un sourire. Au bout du compte, mon désir est que ma famille soit connue pour sa manière de remercier plutôt que pour sa manière de râler. Même si c’est un travail quotidien, notre année de gratitude nous a transformés et nous a rendus meilleurs.

 

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Tricia Goyer. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.