Votre ado a besoin de vous, pas de plus de temps d’écran

Par Kathy Koch                 

Jessica a bien l’habitude que son fils lui réponde en grommelant, mais dernièrement, même sa fille Maria s’est mise aux réponses courtes et sans détails. Jessica aime profondément ses enfants et désire savoir ce qu’ils ont fait dans leur journée, à quoi ils pensent ou ce qu’ils ressentent. Elle veut se sentir connectée à eux.

Il y a peu, au moment du coucher, Jessica a décidé de s’allonger dans le lit à côté de Maria, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des années. Maria a d’abord paru confuse, mais elle a vite réalisé que sa mère n’avait pas l’intention de partir. Elles se sont mises à discuter de leurs projets pour le lendemain. Une heure et demie plus tard, elles parlaient encore.

Comme Jessica, de nombreux parents cherchent à passer des moments de qualité avec leurs ados, mais ils ne comprennent pas qu’il s’agit avant tout d’être réellement présents quand ils sont avec eux.

Pourquoi est-ce si difficile de maintenir le lien ?

Certains parents partent du principe que s’ils ont du mal à entrer en communication avec leurs ados, c’est à cause de l’utilisation (excessive ?) que font ceux-ci de la technologie. Je travaille en tant que thérapeute avec des enfants qui eux, estiment souvent que c’est l’utilisation que font les parents de la technologie qui est un obstacle à la communication. En réalité, les deux sont vrais.

Les adolescents se réfugient souvent derrière leur écran lorsqu’ils sont stressés, se sentent seuls ou s’ennuient. Pourquoi ne se tournent-ils pas vers leurs parents ?

Voilà ce que me rapportent les ados que j’accompagne :

« Mes parents sont très occupés. Ils sont sans arrêt distraits, à courir à droite à gauche. »

« Ma mère passe beaucoup de temps au téléphone. Tout son temps, en fait. »

« Je ne veux pas aborder des sujets trop profonds parce que, dès que je le fais, ma mère reçoit un message ou un appel. Je ne veux pas interrompre ce genre de conversations en plein milieu, alors je ne les entame pas. »

« Mon père ne fait jamais vraiment attention. Il me demande comment je vais, mais il n’attend même pas que je lui réponde avant de passer à autre chose. Il est tellement impatient. »

Ces remarques ne viennent pas seulement des adolescents : vous pensez peut-être exactement la même chose concernant votre ado.

Quelle solution ?

En tant que parent, on enseigne d’abord par l’exemple. Il faut que nous apprenions à éteindre nos téléphones, les mettre de côté et être entièrement présents, car nos enfants ont besoin de savoir qu’ils sont une priorité pour nous. S’ils ont pu avoir l’impression que notre temps devant les écrans était plus important qu’eux, n’hésitons pas à leur demander pardon. Si nous nous sommes sentis découragés par leur attitude, nous pouvons le leur expliquer. Leur montrer que notre relation avec eux est importante à nos yeux les encouragera à nous faire confiance et à reprendre la communication avec nous.

Nous devons examiner nos motivations et nos propres attitudes. Si nous leur posons des questions sur eux par obligation, ils le sentiront. Si nous ne leur parlons qu’afin d’en finir et de pouvoir passer à autre chose, ils s’en rendront compte.

Nous devons nous montrer humbles, souples, courageux et centrés sur les autres. Soyons diligents et persévérons, pour réussir à établir de nouveaux schémas de communication. La reconnexion ne sera peut-être pas instantanée, facile ou confortable, mais nos ados en valent la peine.

Quelques exemples de questions à poser à votre ado

Certaines questions éveillent plus l’intérêt des adolescents que d’autres. Ils me confient souvent qu’ils préfèrent parler de « ce qui compte vraiment », sans se sentir jugés pour chaque idée qu’ils expriment.

Internet, les informations en continu, les notifications sur nos téléphones et les réseaux sociaux permettent à nos enfants d’être au courant des problèmes qui existent dans leur communauté et dans le monde. Ils peuvent se sentir submergés, se poser beaucoup de questions ou avoir du mal à gérer leurs émotions.

Ils ont tendance à facilement répondre aux exemples de questions suivantes :

– Quels sont les problèmes que tu aimerais aider à résoudre ?

– Quelles sont les personnes que tu voudrais particulièrement servir ?

– Qu’est-ce qui te fait de la peine ?

– Qu’est-ce qui t’apporte de la joie ?

Jessica a posé la première de ces questions à Maria, ce qui les a menées à leur conversation d’une heure et demie. Jessica ne pensait pas qu’il y avait tant de sujets qui pesaient sur le cœur de sa fille ou qui la préoccupaient. À travers ce moment ensemble, elles ont pu établir une connexion telle qu’elles n’en avaient pas connue depuis longtemps. Elles ont ensuite toutes les deux cherché à continuer ce type d’échanges.

Voici d’autres questions qui peuvent mener à des conversations plus profondes avec vos ados sont celles qui montrent que vous vous intéressez à lui. Des questions un peu plus profondes que « Comment s’est passée ta journée ? »

– Parle-moi de ce que tu as appris aujourd’hui au sujet de ___. (Complétez la phrase avec un sujet que vous savez que votre enfant étudie en ce moment. Par exemple : le marché boursier, les grandes inventions du XX e siècle ou le livre qu’il lit. Ou alors, terminez la question par « toi-même », « un ami » ou « un professeur ».)

  • Parle-moi d’une chose que tu as apprise aujourd’hui en ___. (Complétez avec une matière que votre enfant étudie, comme la biologie ou le théâtre.)
  • Qu’as-tu trouvé surprenant aujourd’hui ? Décevant ? Intéressant ? Ennuyeux ? Facile ? Difficile ?
  • Qu’est-ce qui t’a encouragé aujourd’hui ? Qui as-tu encouragé aujourd’hui ?
  • À quoi penses-tu beaucoup ces derniers temps ?

Le fils de Janelle, Luc, possédait un esprit d’entrepreneuriat. Lorsqu’il a voulu gagner un peu d’argent pendant l’été, il a demandé à sa mère de l’aider à trouver de bonnes idées sur Pinterest. Après avoir parcouru le site, ils se sont rendus ensemble au magasin de bricolage pour trouver de l’inspiration. Alors qu’ils arpentaient les allées, Luc parlait à sa mère de l’école et de son groupe de jeunes. Il a répondu à toutes ses questions sans manifester la moindre irritation. Ils ont fini par trouver deux projets dans lesquels Luc pouvait s’investir.

Les garçons en particulier sont plus enclins à parler quand ils font quelque chose avec vous, ce qui leur permet parfois de se montrer un peu plus vulnérables. Discuter en faisant autre chose leur permet d’éviter le face à face. Ils me rapportent souvent qu’ils n’aiment pas regarder les personnes dans les yeux quand ils doivent partager quelque chose de difficile ou de préoccupant. C’est aussi la raison pour laquelle le fait de parler au moment du coucher avec peu de lumière ou pendant un trajet en voiture fonctionne bien également.

Créer une atmosphère de jeu peut aussi aider à avoir des échanges positifs et ouverts, car tout le monde se sent détendu. Tirez quelques paniers de basket ou rassemblez-vous autour d’un casse-tête ou d’un jeu de société. Ce genre d’atmosphère aide tout le monde à se sentir moins sur ses gardes et plus spontané. Les ados me disent qu’en général, ils se sentent moins sous pression quand leurs parents se servent de jeux pour discuter avec eux. Par exemple :

– Lancez un dé. Le nombre qui s’affiche correspond au nombre de choses dont vous devez parler concernant votre journée. Si vous faites un cinq, vous devez partager cinq choses. Si votre fils fait un un, il partage une chose.

– Servez-vous de deux dés et faites correspondre chaque nombre à un sujet différent (par exemple : 5= passe ton tour ; 6= amis ; 7= une qualité qui m’a servi aujourd’hui ; 8= quelque chose de surprenant ; 9= art, musique et sport ; 10= sciences, maths et histoire ; 11= pose-moi une question ; 12= que faisais-tu à 10h ce matin ?)

Le chiffre donné par les dés vous indique votre sujet de conversation. Votre fils, qui par exemple obtient un dix, pourra parler de ce qu’il a fait en cours de maths ce jour-là ou de ce qu’il a appris en histoire.

– Vous pouvez aussi créer un jeu similaire avec des cartes à piocher sur lesquelles sont inscrits différents sujets ou questions.

Quand nous réalisons la place que nous avons dans la vie de nos ados en tant que parent peu intéressé, collé à notre téléphone, sur-occupé ou distrait, et que nous réfléchissons à la place que nous voudrions avoir auprès d’eux, nous rendant plus attentifs, disponibles et passionnés, nous pouvons commencer à changer et créer des liens plus vrais et profonds avec nos ados.

 

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Kathy Koch. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.