Qu’enseigne votre mariage à vos enfants ?

Par Sarah Hilgendorf

Quelles leçons relationnelles leur enseignez-vous par votre mariage ?

J’observe Holland, ma fille de neuf ans, alors qu’elle essaye de marcher à travers la maison avec mes talons hauts, l’une de mes écharpes préférées drapée autour du cou, imitant la manière dont je la portais moi-même plus tôt dans la journée. Plus tard, elle va aider son père Nick dans la cuisine. Elle observe attentivement la manière dont il passe sous l’eau les poireaux coupés pour les débarrasser de leur terre, puis reproduit elle-même cette tâche.

Chacun de nos mouvements semble être pour elle une leçon non intentionnelle sur la manière de faire les choses. C’est aussi le cas dans le domaine des relations. Aucune relation n’influence plus la manière dont Holland pense que les humains devraient se comporter entre eux que mon mariage. Elle observe la manière dont Nick et moi interagissons, perçoit ce qui définit notre relation et, jour après jour, elle enregistre : C’est donc comme ça qu’on fait.

Un jour, elle partira de la maison en marchant dans mes chaussures. Pas juste dans le sens littéral, mais aussi au sens figuré, dans son rôle d’adulte, et peut-être d’épouse et de mère. Vos enfants eux aussi suivront votre voie.

Alors comment nos mariages équipent-ils nos enfants avec les compétences dont ils ont besoin ? Quelles sont les leçons relationnelles que nous leur apprenons ?

Je me lance la première :

Il est normal de ne pas toujours être d’accord et cela peut même se révéler productif, mais se manquer de respect n’est jamais acceptable

Chez nous, les disputes les plus enflammées se déroulent souvent devant le journal télévisé. Les reportages provoquent des discussions animées et parfois des disputes encore plus animées. Holland le voit et je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. Un jour, et peut-être même presque tous les jours, elle se retrouvera en position de ne pas être d’accord avec quelqu’un. Je veux qu’elle puisse gérer cela avec respect et confiance en elle. Alors nous lui montrons l’exemple.

Nous laissons Holland être témoin de nos conflits pour lui apprendre que le conflit est une chose normale — cela veut dire que les deux personnes impliquées sont humaines.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ?

  • Ne laissez pas votre enfant prendre parti pour l’un ou l’autre.
  •  Ne le laissez pas entendre des disputes qui concernent l’argent, la sexualité ou l’éducation parentale.
  •  Évitez les arguments moralisateurs qui n’ont rien à voir avec la moralité. Les enfants ont une pensée très manichéenne, alors aidez-les à se rendre compte que tous les désaccords ne naissent pas d’une opposition bien/mal.
  •  Ne laissez pas votre enfant assimiler la résolution du conflit à la victoire systématique du même parent. Vous ne voudriez pas lui transmettre le message que l’un d’entre vous domine sur l’autre, n’est-ce pas ?

Nous faisons tous des erreurs et nous avons tous besoin de pardon

Il y a des moments où Nick et moi ne sommes pas vraiment respectueux l’un envers l’autre. Par exemple, il nous arrive de nous dire des choses comme : « C’est la pire idée que j’ai jamais entendue. » Quand nous disons sans réfléchir ce qui nous vient à l’esprit, nos commentaires ne sont pas toujours très sympathiques. Quand cela arrive, notre fille à l’occasion de nous voir reconnaître que nous avons été trop loin, et nous excuser.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ?

  • Quand une dispute dégénère, il est plutôt sage de prendre du temps à part l’un de l’autre. Mais il est bon de se retrouver ensuite pour résoudre ce conflit, montrant à vos enfants comment demander pardon et pardonner.
  •  Soyez sincères. Si vous continuez à bouder et à éviter l’autre après vous être réconciliés, vous renvoyez le message que les excuses et le pardon sont vides de sens.
  •  Aussi tentés que vous soyez de pointer du doigt les torts de l’autre, concentrez-vous sur votre côté de la dispute plutôt que sur l’autre.

Vous vous êtes engagés à être là l’un pour l’autre, même quand vous préfèreriez être n’importe où ailleurs

Une fois par an, mon mari part à plus de 1200 km de chez nous pour aller camper en pleine nature, l’hiver avec ses amis. Une année, ce voyage est tombé à un moment où j’ai attrapé le genre de grippe qui rend un parent complètement inefficace. Mon mari est donc resté à la maison. Et il ne m’a pas fait culpabiliser pour cela.

Parfois, les relations nous demandent de tels sacrifices : se sentir déçu de la tâche qui nous attend, mais la faire quand même.

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ?

  • C’est une bonne chose qu’un enfant voit qu’il y a parfois des problèmes et que vous vous consacrez ensemble à leur résolution.
  •  Évitez de compter les points : « Je t’ai filé un coup de main la semaine dernière alors tu me dois… » Ce genre de comportement donne l’impression qu’être là l’un pour l’autre est plus un système de dettes mutuelles qu’un réel engagement.
  • Reconnaissez l’engagement de l’autre devant vos enfants : « Je sais que les choses ne sont pas faciles au travail en ce moment et je suis vraiment reconnaissante que tu prennes soin de nous en allant travailler quand même. »

Le mariage en vaut la peine !

Nous ne sortons pas souvent au restaurant tous les deux, mais nous aimons nous faire des diners romantiques à la maison et bien souvent autour d’une fondue au fromage. Holland aime le fromage, mais elle reconnaît que ces moments que nous passons en amoureux, après qu’elle est couchée, sont une bonne chose à laquelle elle ne peut pas participer. Elle nous voit ainsi prendre du temps pour préparer ces moments spéciaux, tout cela pour nourrir notre relation.

Nous voulons montrer à notre fille que c’est beau d’aspirer à se marier. Elle voit que nous apprécions de passer du temps tous les deux, discuter, nous faire un câlin… et nous pouvons nous faire des soirées pyjama dans un lit bien plus grand que le sien, ce qui à ses yeux, est presque aussi désirable que le fromage.

 

Qu’est-ce qu’il est important de se rappeler ?

  • Il est facile de perdre de vue les aspects amusants du mariage et de dire par nos actions, sans le vouloir, que le mariage est ennuyeux. Parfois, prenez le temps de mettre les responsabilités de côté pour aller manger ensemble une glace, histoire de dire : oui, le mariage c’est faire le ménage et payer les factures… mais c’est aussi s’amuser ensemble !
    • On vous l’a déjà dit, mais ne parlez pas en mal de votre moitié. Cela ne fait que montrer un manque de respect pour votre époux/se et pour votre mariage.

 

J’aimerais bien pouvoir m’arrêter là, et vous dire : « Plus rien à voir par ici, les amis. Circulez ! » Mais je sais qu’il est temps pour moi d’aller au bout des choses et de vous parler des mauvaises leçons que j’ai parfois apprises à ma fille concernant les relations :

  • Le reste du monde n’a d’importance que quand cela nous arrange.

Bien que ce ne soit pas ce que je voulais que Holland comprenne en me regardant, c’est ce qu’il s’est passé.
Récemment, elle m’a demandé : « Maman, c’est qui tes meilleurs amis… à part papa ? » Elle ne me voit pas toujours mettre en priorité les relations autres que mon mariage. Pourtant je sais que pour nous développer en tant couple et famille, nous avons besoin de nous appuyer sur une communauté plus large, et je veux que ma fille nous voie investir dans la vie des autres, même quand cela nous demande des efforts.
Cette suggestion donnée par les auteurs Erin Smalley et Carrie Oliver m’a aidée : « Gardez de la place dans votre emploi du temps pour vos amis. Il est tellement facile de prétendre qu’on est « simplement trop occupé ». Bien sûr que vous êtes occupé, mais comment pouvez-vous utiliser votre créativité pour dégager du temps pour vos amis ? »

  • Nous sommes responsables des émotions les uns des autres.

Vous connaissez sûrement ces soirs où votre conjoint rentre à la maison de mauvais poil, et qu’en réponse vous restez charmant, et gardez votre bonne humeur pour lui remonter le moral ? Euh…
La plupart du temps, si mon mari rentre en se montrant irritable, non seulement cela a le don de me déprimer, mais en plus, je lui reproche généralement de me mettre dans cet état. Et cela enseigne à mon enfant que les autres sont responsables de mon humeur. Mais comme l’ont écrit les auteurs Les et Leslie Parrott : « Ce n’est pas le rôle de l’autre de vous rendre heureux. Le bonheur est quelque chose qui doit venir de l’intérieur. »
Lorsque nos émotions affectent notre humeur et menacent de brouiller notre jugement, appuyons-nous plutôt sur ces conseils de l’expert relationnel Ken Sande :
1. Reconnaissez vos émotions.
2. Évaluez leur source.
3. Anticipez les conséquences que pourrait avoir le fait de les écouter.
4. Dirigez-les vers une démarche constructive.

Parents, nos enfants nous regardent. En plus de nos chaussures, ils nous empruntent nos attitudes, nos comportements et ils essayent de se les approprier. Alors, réfléchissez aux leçons relationnelles — les bonnes et les mauvaises — que vous enseignez à vos enfants à travers votre mariage.

 

Cet article a été publié dans le numéro de février-mars 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « Our Kids Are Watching ». Tous droits réservés © 2015 Focus on the Family. Utilisation autorisée.