La dépendance aux jeux d’argent : qu’est-ce que c’est ?

Par Michele Langmead

La dépendance au jeu est une compulsion irrationnelle à miser des sommes d’argent plus ou moins importantes malgré l’accumulation des conséquences négatives. Le joueur compulsif continue à dépenser de l’argent aux jeux même si cela provoque sa ruine financière, la destruction de son mariage ou la perte de son emploi, de sa famille et de ses amis. La plupart d’entre nous imaginent que les joueurs compulsifs sont ceux qui passent la grande majorité de leur temps et dépensent leur argent au casino ou sur les champs de courses. Ce sont de toute évidence des endroits où vous trouverez de nombreux joueurs compulsifs. Pour ces personnes, leur dépendance est particulièrement flagrante, du moins vue de l’extérieur. Mais la dépendance aux jeux d’argent peut aussi être plus cachée ou n’impliquer que des petites sommes. Quelqu’un par exemple qui achète toutes les semaines des billets de loterie ou qui joue régulièrement au poker entre amis, ne misant pas plus de cinq dollars peut aussi être un joueur compulsif.

Le pourquoi de la dépendance au jeu

L’important n’est pas tellement combien d’argent une personne mise, mais plutôt pourquoi elle ressent le besoin de jouer. Le « pourquoi » d’une dépendance au jeu est comparable au pourquoi de n’importe quelle dépendance. Le fait de jouer de manière compulsive devient une façon d’éviter d’affronter la réalité : celle d’un passé douloureux, de mauvais choix faits et des conséquences subies ou la réalité de difficultés de couple ou de famille. Les jeux d’argent apportent au joueur compulsif une sensation forte de bien-être psychologique qui détourne ses pensées de la réalité qu’il devrait gérer. Ces sensations, bien qu’elles ne soient pas produites de manière chimique comme avec la drogue à l’alcool, relâchent dans le cerveau des doses importantes « d’hormones de plaisir ». C’est cet effet de plaisir et d’excitation intense que les joueurs cherchent à reproduire encore et encore, et auquel ils deviennent accros. Que la personne parie sa maison, l’argent de sa retraite, les économies mises de côté pour l’éducation de ses enfants ou bien simplement vingt dollars en tickets de loterie, ce sentiment de plaisir enivrant reste le même.

Ceux qui deviennent accro aux jeux de hasard ne commencent certainement pas avec l’idée de parier tout ce qu’ils possèdent ou de perdre ceux qu’ils aiment en tête. Ils commencent généralement petit, avec des jeux de cartes, des paris sportifs ou à la machine à sous de leur bar préféré. Mais petit à petit, ils ont besoin de miser plus et donc de risquer plus pour atteindre le même niveau d’excitation. Au fil du temps, la dépendance au jeu crée de nouveaux problèmes qui lui sont propres, problèmes que le joueur cherche à éviter en jouant encore plus. De toute évidence, cela finit par créer un cercle vicieux où les problèmes ne font que s’accumuler.

La logique derrière la pensée irrationnelle

En plus de la réaction addictive physique produite au niveau du cerveau, les illusions que se font les joueurs ont une forte emprise sur eux. Elles deviennent obsessionnelles. Des pensées telles que : « La prochaine fois, c’est la bonne », « Une fois que j’aurai gagné le gros lot, je pourrai régler toutes mes dettes et arrêter de jouer », « Statistiquement, il y a de fortes chances que je gagne bientôt » ou « Je vais juste continuer jusqu’à ce que je gagne tout l’argent que j’ai perdu » ne sont que quelques-unes des affabulations que se répètent les joueurs compulsifs pour justifier leur comportement. Ce type de pensée irrationnelle nourrit en réalité leur dépendance. Pour quelqu’un qui n’a pas ce problème, ces pensées paraissent complètement absurdes, alors que pour le joueur compulsif, elles semblent raisonnables et tout à fait rationnelles.

Voici le type de comportement que l’on retrouve chez de nombreux joueurs compulsifs :

  • Être dans le déni
  • Accuser les autres
  • Mentir quant à la manière dont ils dépensent l’argent
  • Passer de longs moments hors de chez eux sans justification
  • Vendre soudainement des objets de valeur
  • Garder le contrôle exclusif sur les finances de la famille
  • Se montrer secret quant aux finances de la famille
  • Avoir des sautes d’humeur
  • Avoir des accès de colère sans raison apparente
  • Blâmer leur conjoint(e) pour les difficultés financières du couple.

Briser la dépendance au jeu est possible. Cela dit, on ne peut pas guérir de quelque chose dont on ne reconnait pas souffrir. La première étape est donc pour le joueur d’admettre qu’il a une dépendance au jeu. Une fois que la personne en a pris conscience, elle peut commencer à participer aux réunions de Gamblers Anonymes. Il existe également de l’aide pour les conjoints de joueurs (réunions Gam-Anon). Il s’agit de programmes de rétablissement en douze étapes, spécifiquement créés pour les dépendances  aux jeux et leurs conséquences.

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