Quand on va trop loin en tant que parent

Tu vas faire ce que je te dis ! Compris ?

Par Dave Stroder

« Mais je ne veux pas faire d’athlé­tisme ! » Josh, ,on fils de 17 ans, a interrompu mon sermon. J’étais en train de lui expliquer pour la troisième fois que je m’attendais à ce qu’il choisisse une activité extra-scolaire.

Nous nous affrontions dans la grande salle d’école du dimanche, heureusement vide. Je venais de finir un cours sur l’éducation des enfants. Il était clair que ma classe était de loin plus intéressée par ce que j’avais à dire que mon fils.

Un des versets que j’avais expliqué était Éphésiens 6.1 qui dit « Enfants obéissez à vos parents. » Peut-être était-ce cela qui avait fait surgir chez moi un sens aigu de l’autorité, et là, à l’église, j’avais décidé de faire comprendre à mon fils deux ou trois petites choses.

« Je pense que t’investir dans les sports est une bonne utilisation de ton temps. Aujourd’hui, les jeunes de ton âge passent leur temps à jouer aux jeux vidéo ou ils se droguent. Tu ne vas pas… »

— Je n’en crois pas mes oreilles ! a dit Josh en me regardant, visiblement blessé. Tu penses que je me drogue ?

— Je dis juste que je ne veux pas que mon fils soit un drogué. Je pense que si tu fais de l’athlétisme cela te gardera occupé et loin de…

— Un drogué ? Papa, je ne me drogue pas. C’est juste que je n’ai pas envie de courir autour d’une piste le soir après les cours ! »

Ignorant ses commentaires, le ton de ma voix se mit à monter, comme ma mauvaise humeur : « Je crois que ça serait bénéfique pour ta croissance… »

Le visage de Josh est devenu tendu et de plus en plus rouge. « Est-ce que tu m’écoutes au moins ? »

« Ne commence pas à élever la voix devant moi, jeune homme ! »

Josh se pencha en avant, serra les poings, bouillant de colère, « Je ne veux pas faire de l’athlétisme ! »

Après quinze minutes d’aller-retour entre lui et moi, ses mots tremblaient et sa voix profonde avait monté d’une octave. Une vague de colère a parcouru tout son corps et mon fils a explosé de rage.

« C’est impossible de parler avec toi ! » a-t-il hurlé.

Une faute de père

Pendant un instant, j’ai pensé qu’il allait me sauter dessus (il fait plus de 1.80 m). Je pouvais voir la colère irradier de son regard. Pour échapper à mon sermon, il est sorti en courant de la salle et a couru jusqu’à sa Plymouth Valiant rouge 1965 stationnée dehors. Je l’ai suivi.

J’ai entendu le moteur vrombir quand il a mis le contact. Projetant une pluie de gravier, ses pneus ont crissé sur la chaus­sée alors qu’il démarrait en trombe. La vue de sa voiture qui filait dans l’allée m’a fait réaliser la gravité de ce que je venais de faire.

Éphésiens 6.4 m’est alors revenu à l’esprit sans fard : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur. » (Louis Segond). Comment pouvais-je enseigner aux enfants à obéir à leurs parents et omettre le verset suivant, qui s’adressait directe­ment à moi, un père ? Les chants de louange de ma classe de l’école du dimanche, qui résonnaient encore à mes oreilles, m’ont un peu apaisé.

J’ai fixé le stationnement vide et la route en contrebas où le trafic était dense. Puis je suis rentré à l’intérieur et je suis tombé à genoux sur le sol de l’église. Aucune prière n’est clairement sortie de ma bouche, mais j’ai murmuré ces quelques mots : « Seigneur, je suis allé trop loin avec mon fils, pardonne-moi. »

En marchant jusqu’à ma voiture, je me sentais encore engourdi. J’ai tout de même réussi à sourire et à saluer les quelques derniers fidèles qui se trouvaient là. Puis, comme pour compenser le départ explosif de Josh, j’ai mis la voiture en marche avec un soin extrême, tournant doucement la clé et je suis parti lentement.

Le point d’exclamation de Dieu

Dès que je suis arrivé sur l’autoroute, j’ai aperçu au loin l’agitation. Environ un kilo­mètre plus loin, des voitures de police et un camion de pompiers bloquaient une partie de la route. Des lumières clignotantes et des sirènes signalaient un accident visiblement grave. Je ne pouvais pas voir les voitures impliquées mais j’ai immédiatement imaginé que l’une d’elles était une Valiant rouge.

Mon estomac s’est retourné. La circu­lation avançait centimètre par centimètre. Le silence, puis une prière, « Oh mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? » qui s’élève dans la voiture. Finalement, j’ai atteint le lieu de l’accident, le cou tendu pour voir si j’apercevais la carrosserie rouge de la Plymouth Valiant. Plus j’avançais, plus je reprenais des couleurs. Pas de voiture rouge. Pas de Valiant. Pas de Josh.

Mon soulagement a vite fait place au chagrin. Dieu avait placé un gros point d’exclamation sur les conséquences qu’auraient pu avoir mon comportement arrogant envers Josh. J’ai dépassé la scène de l’accident et je suis rapidement rentré la maison pour retrouver mon fils.

Une autre chance

La Valiant était dans l’allée. Je suis entré dans la maison et j’ai appelé Josh pour qu’il descende de sa chambre. Une fois encore, nous étions assis face à face, tous les deux. Je suis sûr que Josh s’attendait à un autre sermon.

« Josh, il y a un verset dans la Bible qui dit : « Pères, n’irritez pas vos enfants. » » Mes yeux se sont remplis de larmes. « Ce matin, je t’ai poussé jusqu’à ce que tu exploses. J’ai eu tort. Je suis vraiment désolé. Peux-tu me pardonner ? » J’attendais humblement sa réponse. J’ai pu voir le changement dans ses yeux. Son front s’est détendu. « Bien sûr, papa, je suis désolé de m’être mis en colère. » Aucune autre explica­tion n’était nécessaire.

« Il y a autre chose, ai-je dit quand nous nous sommes assis, ce même verset dit que j’ai la res­ponsabilité de t’élever dans la discipline. J’ai eu tort de te pousser à la colère, mais ce n’est pas moi qui ai conduit imprudemment sur le stationnement. C’est toi, Josh. »

Josh n’était pas très content quand j’ai tendu la main : « Donne-moi les clés de ta Valiant. »

Sans protester, il a sorti ses clés de voiture de sa poche et me les a remises. Il n’y avait ni colère, ni frustration. Juste un respect mutuel et de l’amour entre un père imparfait et son fils.

Dave Stroder est le pasteur de l’église First Baptist à Salinas en Californie.