Mère célibataire : comment je me suis tournée vers Dieu quand ma fille s’est détournée de moi

Par Andrea Redd

Pendant 16 années, mon identité était centrée sur mon rôle de mère. Tous mes choix se faisaient en fonction de cela. Qu’il s’agisse du jus d’orange avec ou sans pulpe ou de la voiture à acheter, ma question était toujours: Qu’est-ce qui sera le mieux pour mes enfants ? Puis un jour, ma fille Lucie m’a annoncé qu’elle désirait emménager chez son père. Mon monde s’est alors écroulé.

Maintenant qu’elle était ado, je savais que les tribunaux la considéraient comme assez âgée pour faire ce choix par elle-même. Le gros des responsabilités parentales allait donc passer de moi à son père. Cependant, plutôt que de le vivre comme une nouvelle liberté, j’étais remplie de doutes et de confusion. Je ne pourrai plus m’occuper de Lucie. Je ne serai plus celle qui la réveille chaque matin ni celle qui mange avec elle chaque soir. Je ne pourrai plus vérifier ses devoirs ou lui rappeler de s’exercer à la guitare.

J’avais planifié les quelques années à venir et elles n’étaient pas censées ressembler à ça. Qui allait la rassurer et la consoler ? Lui mettre des limites ? Lui enseigner toutes ces importantes leçons de vie ? Pas moi. Je n’avais plus cette place dans sa vie.

Le cœur lourd

Je me suis sentie flouée. On m’avait volé mon avenir avec ma fille et dépouillée de mon identité. L’amertume et le ressentiment menaçaient d’envahir mon cœur. Mon foyer brisé s’était encore un peu plus écroulé. Lucie avait choisi de suivre son propre chemin bien plus tôt que je ne l’avais imaginé. Cela pouvait-il faire partie du plan de Dieu ?

Après un long moment à pleurer mes espoirs déçus, j’ai fini par sécher mes larmes et renoncer à m’accrocher à ce que je pensais être le mieux. J’ai compris que Dieu m’ouvrait une porte : c’était une occasion pour moi de faire preuve d’un amour inconditionnel envers ma fille et d’apprendre à faire confiance à Dieu pour son avenir. Si je laissais la douleur et le sentiment de rejet prendre le dessus, cette chance allait me passer sous le nez.

J’avais fait de mon mieux pendant seize ans : éduquant, discutant, corrigeant à foison. Cette phase était maintenant derrière nous. Nous entamions une nouvelle étape dans laquelle j’avais le privilège de laisser Jésus se servir de mes paroles, de mes actions et de mon exemple pour renouveler et réconforter ma fille à distance.

Lâcher prise

Lucie est partie, s’embarquant dans une nouvelle aventure. Elle a changé d’école et a pris le bus pour la première fois. Elle y côtoie quotidiennement tous les comportements et les styles de vie dont j’avais essayé de la protéger jusque-là. Elle regarde la télé et lit des magazines qu’elle n’aurait pas trouvés chez moi. Elle conduit. Je ne peux pas surveiller ce qu’elle regarde, ce qu’elle entend ou ce qu’elle expérimente. J’ai très peu d’impact sur son utilisation d’internet ou sur la musique qu’elle écoute.

Je n’ai presque plus de contrôle ! Mais Dieu est au contrôle. Il savait d’avance comment les choses allaient se passer et il a déjà prévu les solutions. Il est le seul à pouvoir transformer cette situation douloureuse.

Jésus est l’auteur de la foi de ma fille et c’est lui qui peut la rendre parfaite, pas moi. Ce chemin, c’est celui de Lucie, c’est à elle de le parcourir. Elle doit y découvrir par elle-même la profonde fidélité de Dieu et apprendre à s’appuyer sur lui. Il n’existe aucun plan ou manœuvre que je pourrais mettre en œuvre qui soit aussi merveilleux que le plan bon, parfait et agréable de Dieu pour sa vie.

Un nouveau rôle rempli d’espoir

Je n’ai jamais eu à prendre une telle route auparavant. Mes devoirs parentaux ont changé, le Seigneur m’a donné un nouveau rôle. Mes nouvelles responsabilités sont d’être un exemple de grâce et de pardon, d’accepter avec joie la nouvelle indépendance de Lucie et de mettre en valeur ses qualités. C’est un choix à faire chaque jour. Je ne me focalise plus sur ce que je ne peux pas être. Au lieu de cela, je me concentre sur Celui qui est plus que capable de bien prendre soin de Lucie.

Il est évident que cette situation reste difficile, même si je sais que Lucie a encore besoin de moi et qu’elle m’aime. Je sais que ma fille croit en Dieu et qu’elle a donné son cœur à Christ. Je suis donc certaine que, même si je dois la laisser partir aujourd’hui, nous avons l’éternité pour parler, rire et être ensemble. Il viendra un temps où je n’aurai plus à savourer chaque dernier câlin. Un temps où je n’aurai plus à regretter tous les moments de sa vie que je rate.

Notre avenir ensemble, c’est l’éternité. En attendant, je suis reconnaissante que Dieu regarde à nos cœurs et qu’il sache comment nous attirer toutes les deux plus près de Lui.  Il sait ce qui est le mieux pour nous. Il  met de côté mon petit plan imparfait pour le remplacer par le sien. C’est là mon espérance.

© 2019 Focus on the Family.  Tous droits réservés.  Utilisation autorisée.  Publié initialement en anglais dans le magazine de Focus on the Family de septembre 2008.