Portrait de famille: La Famille Turpin

Écrit par Vanessa Turpin

C’est en ouvrant les yeux un samedi matin, au lever du soleil et en entendant notre coq chanter, que soudain la réalité de la grandeur de Dieu me frappa.

Mais avant de vous raconter notre histoire, permettez-moi de faire les présentations : je suis Vanessa, originaire de Suisse, mariée depuis 17 ans avec Mathieu, mon Canadien préféré. Nous avons deux enfants, Killyan 16 ans et Salomée 14 ans.

À la naissance des enfants, nous habitions une maison en rangée dans la banlieue d’Ottawa. Je dirigeais une garderie familiale et mon mari était pasteur assistant.

Poursuivre notre rêve

Notre plus grand désir était de déménager à la campagne et d’y élever des poules pondeuses. Depuis quelques années, ce sujet revenait dans nos discussions toutes les semaines.

Les gadgets électroniques étaient devenus l’activité préférée de nos enfants et l’envahissement d’Internet dans notre quotidien nous pesait. Nous avions envie de revenir à des valeurs essentielles, et voulions vraiment vivre ce verset : « Enfin frères et sœurs, portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d’être aimé, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est digne de louange » (Philippiens 4.8). Il nous semblait que vivre à la campagne serait plus cohérent avec nos aspirations profondes, et que cela nous donnerait plus d’opportunités de transmettre ces valeurs si importantes pour nous.

Chaque été, après avoir passé des vacances loin de la ville, nous pesions le pour et le contre et considérions les options financières dans le but de réaliser ce rêve. Mais chaque automne, nous remettions notre projet à plus tard.

Et puis en 2014, mon mari décida de régler toutes nos dettes afin de pouvoir enfin poursuivre notre rêve. Nous avons alors commencé à prier en remettant ce projet d’installation à la campagne entre les mains de Dieu.

La confiance dans l’attente

Après avoir rafraichi notre maison, elle se vendit de façon spectaculaire. Seule ombre au tableau : nous n’avions que cinq semaines pour trouver une autre propriété et y déménager ! Nous étions désormais partis à l’aventure, sans possibilité de revenir en arrière.

Après avoir trouvé une propriété qui semblait idéale pour notre famille, nous avons fait une offre, puis nous avons dû attendre la réponse pendant trois semaines interminables… Dès que la peur et les doutes m’envahissaient, je remerciais Dieu pour sa fidélité et sa présence, quel qu’en soit l’aboutissement. Trois semaines plus tard, nous avons obtenu une réponse favorable. Dieu nous avait permis d’avoir une propriété au-delà de nos attentes, dotée d’un grand terrain et d’une forêt !

L’arrivée des poules

Après notre installation, nous étions impatients de pouvoir construire un poulailler afin d’y accueillir enfin nos nouvelles pensionnaires… Malheureusement, il fit tellement froid au moment de la livraison des poules, que la construction fut impossible. En urgence, nous avons transformé la cabane à outils en poulailler. Nous avons dressé les perchoirs et isolé la cabane, avant d’installer une lampe infrarouge pour éviter que l’eau ne gèle, car la température descendait jusqu’à -20 °C la nuit.

Les premiers jours d’acclimatation de nos nouvelles pensionnaires se déroulèrent relativement bien, jusqu’au jour où la poule noire se mit à boiter… Après quelques recherches (merci Google !), nous avons compris que le perchoir était trop haut et que la pauvre poule avait dû faire un atterrissage un peu trop brutal. Les enfants ont prié pour elle afin que Dieu guérisse sa patte, et cette dernière reprit ses activités normales quelques jours plus tard. Ce fut une expérience enrichissante pour leur foi.

La production des œufs commença deux semaines après l’installation des poules. Quel privilège de récolter 5 à 6 œufs frais chaque soir ! Nous avons choisi une alimentation biologique pour optimiser la qualité des œufs dont le gout est délicieusement différent que celui des œufs industriels.

Jusqu’à présent, nous n’avions qu’un petit chat, grâce auquel les enfants ont appris le sens des responsabilités. Mais lorsque les poules sont arrivées, il fallut s’en occuper matin et soir. Cela leur a enseigné que même lorsque l’envie n’est pas présente, il faut sortir tôt le matin, même dans le froid. Les besoins des animaux devaient passer avant leur confort…

J’ai remarqué un changement s’opérer dans l’attitude des enfants par rapport au respect de la nourriture et de sa valeur. L’autre jour, ma fille a cassé un œuf par inadvertance lors de sa récolte journalière. Son visage révélait toute sa tristesse d’avoir réduit à néant les 24 heures de travail de l’une de ses poules. Mais quelle leçon de vie sur la méticulosité !

Tentative de jardinage

Nous avions expérimenté le jardinage en ville avec de belles récoltes, car la location comprenait le terrain labouré et la livraison du compost. Donc pour moi, je fonçai tête baissée dans ce projet de grand jardin, en imaginant déjà la récolte abondante, les légumes congelés pour tout l’hiver et j’en passe…

Après la fonte des neiges, nous nous sommes donc attaqués au jardinage avec, je dois le dire, les yeux plus gros que les muscles. Nous avons labouré, semé des graines bio (maïs, carottes, choux, etc.), arrosé, patienté… et puis la gelée est revenue. La moitié du jardin fut à recommencer. Voilà bien une autre petite leçon de patience et de persévérance, et pas seulement pour les enfants.

Au final, notre récolte fut médiocre, mais nous avons décidé de ne pas nous décourager et nous nous sommes mieux préparés pour reprendre au printemps suivant.

J’aime le fait de ne pas tout jeter à la poubelle et de réfléchir à tout ce qui peut être recyclé afin d’être de bons gestionnaires. Dès notre arrivée en campagne, la construction d’un compost fut donc ma priorité. Nous l’avons mis assez loin de la maison pour éviter les odeurs et les bêtes… Ceci s’avéra moins pratique avec l’arrivée de l’hiver quand il fallut chausser des raquettes pour s’y rendre ! Notre motivation de bien faire a parfois été remise en question durant ces quelques mois glaciaux.

Changer ses manières

Suite à notre déménagement nous avons aussi décidé de ne pas nous raccorder à Internet et de nous passer du câble, ce qui nous permit de redécouvrir les joies des jeux en famille et de la lecture en commun. Puis, la cuisine étant dépourvue de lave-vaisselle, nous avons opté pour la vaisselle à la main. Ce qui fit dire à Salomée : « c’est chouette maman, c’est comme dans La petite maison dans la prairie » (phrase que je lui rappelle lorsque c’est son tour de faire la vaisselle…). Nous profitons de plusieurs bons moments de discussion avec les enfants lorsque nous effectuons cette tâche ensemble.

Pour expérimenter de tels changements de vie, nul besoin d’être aussi radical et de déménager. Il s’agit simplement d’être attentif à ne pas laisser les outils informatiques, les réseaux sociaux et autres gadgets électroniques occuper tout votre temps au point ou plus personne ne communique naturellement au sein de la famille. Je vous mets donc au défi d’apporter des petits changements qui vous permettront de découvrir la vie familiale que vous souhaitez expérimenter !

Des idées pour changer votre mode de vie familial petit à petit :

 – Découvrez de nouveaux sentiers près de chez vous, essayez le géocaching (geocaching.com),

 – Organisez une visite à la ferme, rendez-vous au marché pour y acheter des produits locaux et saisonniers,

 – Cuisinez des aliments non modifiés.

 – Cueillez des fraises et des framboises en été et des pommes en automne.

 – Recyclez aussi les déchets alimentaires en utilisant une boîte à compost.

 – Cultivez un petit jardin sur le balcon ou essayez de faire germer du soya et d’autres graines à l‘intérieur.

 – Revenez aux repas familiaux pris autour de la table plutôt que devant la télévision.

 – Expérimentez de nouvelles recettes avec les enfants et créez des moments de qualité en leur transmettant des compétences utiles. Vous susciterez ainsi leur curiosité, bâtirez leur confiance, leur fierté et leur estime de soi, autant par rapport aux aliments que vis-à-vis d’autres aspects de la vie (cuisinonsenfamille.ca).

Vanessa Turpin et son mari Mathieu vivent dans la région d’Ottawa, ils sont parents de 2 adolescents. Ils travaillent tous les deux dans leur église locale (Centre Réveil International) comme administratrice et pasteur assistant.

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